Depuis quelques jours je cherchais une explication à cette Agitation mondiale. Pour y parvenir, je me suis arrêté d’y penser jusqu’au moment où les idées se sont précipitées en mots sur ma feuille. Les pensant utiles, je les livre telles qu’elles pour le bonheur de ma réflexion.
Tout d’abord, le coronavirus n’est pas le problème, il est la solution !
L’Agitation qui frappe aujourd’hui l’humanité entière impacte directement et sévèrement les individus et les sociétés. De la même façon, elle remet en cause à l’échelle planétaire le modèle de développement de ces dernières décennies. Les limites dudit modèle sont patentes depuis longtemps et apparentes sous la forme de crises financières (2008..), sociales (gilets jaunes, les parapluies..), industrielles (chômages, sécurité de l’emploi...) ou écologiques (feux en Amazonie et en Australie..), mais rien jusqu’ici n’a permis de la prévoir et encore moins de chercher à le (le modèle de développement de ces dernières décennies) remplacer. Et voilà qu’un modeste virus met à bas la finance, l’économie, les croyances sur les insurpassables bienfaits du giga-socialo-libéralisme et de la mondialisation à outrance, et plus encore les croyances sur la toute-puissance de l’homme.
Cette révélation est longtemps restée au seuil de la conscience du « peut-être », du « advienne que pourra », « on ne refait pas le monde » etc... Elle est maintenant, au moins pour quelques uns, devenue clairement apparente. Elle a hélas un prix: des dizaines de milliers de morts (et encore que.., on constate aisément l’hypocrisie politico-médiatique. Ex : le nombre de morts liées à l’épidémie est inférieur à celui des morts liées au confinement qui sont eux-mêmes inférieurs aux morts annuels causées par les différentes maladies. CF INSEE). Chacune de ces morts est signifiante.
Pour les moins âgés, elle met en exergue un refus d’un monde qui n’offre pas une qualité de vie satisfaisante avec l’environnement et révèle son impossibilité à tendre vers leur épanouissement (boulot, euro, dodo)...
Pour les plus âgés, encore davantage impactés par l’issue fatale de la maladie, c’est une manière acceptable de sortir du jeu de la vie en disant que cela n’a pas de sens de vivre aussi longtemps dans de telles conditions: sentiments de solitude, d’inutilité, d’enfermement, que ce soit dans des institutions, dans des corps invalides, ou des cerveaux déficients... Le coronavirus pourrait apparaître comme une solution collective à des problèmes collectifs, mais uniquement sur le court terme, pas sur le long terme.
Les limites de cette solution sont d’ailleurs déjà visibles.
J’ai pu en distinguer trois:
-Tous les gouvernants profitent de l’occasion pour renforcer le contrôle des populations. Géolocalisation (Apple et Google se sont liés afin de tracer les données de leurs usagers pour luter contre le virus), mesures coercitives confuses ...On peut être sûr qu’une fois la crise passée très peu reviendront en arrière (tout comme ce fût le cas depuis la loi Vigipirate...). Les atteintes à la liberté risquent d’être durables et irréversibles. -Contrairement à des crises précédentes qui ont favorisé l’émergence de vraies solidarités (applaudir sur les balcons pour féliciter le personnel soignant n’ai pas une forme de solidarité, mais elle peut le devenir si nous reconnaissons la profession à sa juste valeur lorsqu’il n’y a pas d’épidémie) et d’expérimentations locales en tous genres, celle-ci conduit au repli sur soi, sur la famille puis la nation (l’Europe est un satellite en orbite entre la planète US et celle de l’Asie. Elle a montré qu’elle ne pouvait pas gérer de façon communautaire ce genre de difficulté et que la fumisterie de vouloir créer un espace indépendant composé d’Européens autonomes et indépendants est tout bonnement impossible. Le Rêve est brisé).
Le confinement devenant miroir grossissant de tous les dysfonctionnements individuels et collectifs.
-Le pire est la rumination de la peur, déjà bien cultivée depuis deux décennies par la sphère politicomédiatique avec, entre autres, la menace terroriste, l’angoisse véhiculée par la pratique d’un job que l’on juge médiocre, inutile, dirigé par un cadre autoritaire médiocre... Or la peur n’est pas vouée à nous conduire vers le chemin « créatif » de la vie. Elle ne fait que détruire l’estime de soi ou pire encore elle permet de renforcer le culte de la personnalité lorsque la domination et l’emprise posées sur l’autre sont établies. Société médiocre de l’aliénation ultra-socialo-libéralisante pour un monde sans coeur aux plaisirs antiques rompus.
Cependant, restent à inventer des modèles alternatifs permettant de recentrer les individus dans leur sphère d’homme et de replacer l’État en dehors de toutes affaires individuelles (notre féodalisme contemporain est si bien camouflé que la majorité des exploités se réjouissent du mal qui les sévit) . Nul doute que si la crise se déroule sur une courte période, presque tout redeviendra comme avant. Certes on s’efforcera de corriger quelques dysfonctionnements. Mais comme c’est le paradigme qui les a engendré et qui devra les corriger, tout cela n’ira pas bien loin. Et si la crise s’installe dans la durée, ce sera probablement un temps de chaos et d’exacerbation des replis (apocalypse au sens de la révélation). Dans tous les cas on assistera à une baisse de l’espérance de vie et une baisse de la fertilité, d’où une population totale diminuant progressivement. À partir de là tout sera vu différemment.
Au niveau de chacun, on peut observer le processus de transformation, ou son absence. Bien des maladies sont la seule solution qu’un individu trouve à des problèmes non conscientisés et non résolus. Éradiquer les symptômes ne suffit pas à résoudre lesdits problèmes antérieurs à la maladie (cf. médecine traditionnelle Chinoise qui opère à la a source des problèmes et non aux symptômes comme le fait notre médecine occidentale...). De manière plus générale, sans prise de conscience, une idée ne sert à rien, ou encore, sans se savoir et se connaître en tant qu’homme, nos actions sur le monde sont inutiles et ne répondent pas à notre besoin élémentaire d’accomplissement.
Au niveau de la communauté, survolons à titre d’exemple une page de l’histoire de l’Europe. Au XIVe siècle, entre un tiers et la moitié de la population meurt de la peste. Cela pouvait être prompt à susciter des remises en cause de l’ordre établi. Il n’empêche que la vie quotidienne n’a pas changé et que la féodalité et l’église ont gardé le pouvoir. Nous pouvons également constater que la guerre de cent ans, les guerres de religions ou les guerres entre empires ont eu plus d’impacts sur le peuple qu’une Renaissance faite par et pour une élite de lettrés à la mords-moi le noeud. Une nouvelle Vision du monde n’émerge qu’au XVIIe siècle, qui s’étend et devient source d’un nouveau modèle de société au XVIIIe, pour s’incarner et se généraliser au XIXe. Plus de quatre siècles pour redonner un sens tout différent à la vie puis transformer de fond en comble l’Europe et le monde! Nous sommes des êtres éphémères qui œuvrent à l’éternel recommencement des choses.
Arriverons-nous à faire mieux ? Quoiqu’il en soit, ce ne sera jamais de l’ordre du court terme parce que ce qu’il faut changer d’abord, ce n’est pas ce qui semble dysfonctionner dans le monde extérieur, c’est la vision que l’on a du monde lui-même.
Une Vision, c’est tout un ensemble de croyances partagées au sein d’une civilisation qui dictent à chacun ce qu’il est, ce qu’est le monde, le sens général de la vie, les rapports avec l’animé et l’inerte, bref tout-ce-qui-est. Notre espèce a la faculté d’inventer grâce à l’entendement de telles Visions. On comprend que le processus qui va de l’invention d’une Vision à son incarnation collective puisse s’inscrire dans le temps, celui qu’il faut pour que cela se diffuse dans les esprits en suscitant désir et enthousiasme.
Sachant cela, la chose la plus sensée à faire maintenant, c’est se « Rêver »ler... Je vais essayer de me mettre au jeu de la prévision, chose loin d’être évidente à mettre en scène à cause de notre finitude et de l’accentuation portée par l’imprévisibilité des innovations et du renouveau des valeurs choisies par la communauté. Je suis un joueur, et tout en prenant le risque de me tromper, je vais découper ce siècle en deux temps, l’un avant 2050 et l’autre après, afin d’essayer de trouver des scénarios probables qui se dérouleront au court de ce siècle.
Avant 2050 :
Beaucoup affirment que la sortie de la crise va inévitablement s’accompagner de profondes remises en question contraignant enfin à de ‘vrais’ changements. Pour ma part je suis plus dubitatif, et ce pour deux raisons que résument bien ces propos d’Einstein « On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème. ». Les idées révolutionnaires sont donc à écarter car elle ne répondrait qu’au dogme initial.
Au vu des dernières crises, la Vision du Monde dominante n’a guère changé et ce n’est pas la dernière en date qui va subitement déroger cette règle. Pour qu’un changement s’opère, les générations doivent subversivement être au contact des idées génératrices de solution de leur prédécesseur. Sinon, elles ne font que provoquer des réactions immédiates et stériles de toute créativité du genre « on en a marre », « on se fout de nous ». Donc, c’est quasi inévitable, aucun changement important ne se produira dans les années qui viennent. Attention, je ne dis pas qu’il ne se passera rien, que tout ceci sera sans conséquences. Je dis juste que les évolutions que l’on observera seront des pansements ne pouvant qu’émerger de notre mode de pensée socialo-libérale.
L’Histoire nous montre que des crises, même de grande ampleur, n’entraînent pas fatalement des changements majeurs. Par exemple, la Première Guerre Mondiale, à quoi est venue s’ajouter la grippe espagnole, n’ont pas provoqué un changement de civilisation, seulement à faire la même chose d’une manière plus efficace en sacralisant la vision matérialiste.
Notons qu’à l’inverse les périodes de calme relatif sont plus favorables à la créativité. Pour rester au début du XXe siècle, c’est avant les crises juste évoquées qu’ont eu lieu d’énormes sauts conceptuels en physique, en psychologie, en art, en philosophie, etc.
Pour en revenir à la situation actuelle, concrètement, la plupart des gouvernants prendront prétexte des circonstances pour renforcer le contrôle des populations. Sans retour en arrière possible tant elles auront été rendues passives à grands coups de menaces (culture de peurs en tous genres), de déconnexion de la réalité via les réseaux sociaux et autres mondes virtuels (gavage boulimique d’une culture usurétisée aux antipodes de sa fonction première. NON, à la fast-foodartisation !), ainsi que de saupoudrage d’aides pour fluidifier un minimum les relations sociales. Tandis que les mêmes gouvernants continueront de gouverner, et les financiers de faire de l’argent et de reconduire l’Europe vers son giga-socialo-libéralisme high power aux membres docilement dirigés. Comme sur le fond rien n’aura changé, d’autres crises surviendront inévitablement (de grandes pannes électriques mettraient à bas les systèmes informatiques, donc les réseaux sociaux, les réseaux de surveillance, les réseaux d’approvisionnements...), qui n’aboutiront à leur tour qu’à de nouveaux renforcements de tout ce processus.
Heureusement, quelques individus parviendront à garder cet esprit de critique autonome pour se divertir de notre fatalité mécaniste-matérialiste superficiel de ce monde futile et peu délectable. Mais cela probablement au prix d’une forme de schizophrénie.
Après 2050, le plus difficile à imaginer : Si la nation ne choisi aucune alternative crédible et enthousiasmante, alors l’on gardera l’actuelle recette faussement démocratique, source de tout les maux.
Comment allons-nous accepter ces contraintes ? Une chose est sûre, peu de nous risquerons de franchir la ligne de refus ...
MARTIUS
Avril 2020