Se rendre au contenu

Gilgamesh

Quand un demi-dieu découvre la condition humaine
5 août 2024 par
Simon Couval

Cet article traite d’un mythe qui est apparu il y a environ cinq mille ans en Mésopotamie. Ce qui nous permet de le connaître, c’est qu’il a fait l’objet d’un récit écrit dont la version de référence, sur tablettes, a été retrouvée à Ninive dans la bibliothèque d’Assurbanipal, tandis que d’autres versions ont été mises à jour dans un vaste périmètre moyen-oriental allant d’Egypte en Asie Mineure.

Nous possédons le récit, mais cinq mille ans cela veut dire 3000ans av. JC, autrement dit des temps bien lointains, et de surcroit dans une région dont la culture de l’époque ne nous est pas familière, même si l’idée s’est imposée à plus ou moins juste titre, que Sumer serait « le berceau » de la civilisation. Prudence ! Car il en est de l’histoire qui frôle la préhistoire comme de cette dernière : toute découverte archéologique majeure de vestiges ou de squelette humain déplace les berceaux dans l’espace et dans le temps ! Cette forme d’avertissement liminaire se justifie par le fait que les similitudes et analogies incontestables qu’on peut rencontrer entre les mythes et qui excitent fatalement notre appétence pour le symbolisme traditionnel, ne doivent pas nous précipiter vers des conclusions hâtives nous jetant sur la piste de la tradition primordiale ou suscitant des interprétations redevables à notre seule culture judéo-chrétienne. Je me souviens d’un récit de science-fiction où l’on voit des créatures extraterrestres arriver notre Terre où l’humanité a disparu après un cataclysme, et qui découvrent les bobines d’un dessin animé de Tex Avery ; leurs savants parviennent à réaliser une projection et ils tirent toutes sortes d’enseignements sur l’extraordinaire morphologie et les mœurs incroyables des personnages dans lesquels ils sont persuadés de voir les anciens habitants de la Terre !

Cet avertissement vous expliquera pourquoi notre article est construit en deux parties ayant le même objet mais se plaçant dans des perspectives radicalement différentes.

*

Mais d’abord, qui est Gilgamesh ? Avant de répondre à cette question, un flash-back biblique est nécessaire.

Le chapitre 6 de la Genèse commence par quatre versets qui sont les derniers se rapportant aux temps antédiluviens. De ces temps auxquels la Genèse consacre les chapitres 4 et 5 qui succèdent à la Création et à la Chute, il nous est dit peu de choses qui se résument à ceci : Caïn tue Abel, s’enfuit et devient constructeur de villes ; suit une brève généalogie de sa descendance où les seules précisions concernent la sixième et dernière génération composée de trois frères et une sœur, je cite : « Yabal fut l’ancêtre de ceux qui vivent sous la tente et avec les troupeaux, Yubal fut l’ancêtre de ceux qui jouent de la lyre et du chalumeau, Tubalcaïn fut l’ancêtre de tous les forgerons en cuivre et en fer. La Genèse ne dit rien de Naamah, la sœur, mais plusieurs manuscrits des Old Charges (Règles de l’Ancienne Franc-Maçonnerie, dite opérative) la présentent comme ancêtre des tisserandes, de même qu’ils complètent la fonction de Yabal, qui, devant mesurer la terre pour la répartir, fut aussi l’ancêtre des géomètres. Le chapitre 5 de la Genèse se rapporte à la descendance de Seth, troisième fils d’Adam, et se borne à présenter, sans précision de fonctions, les patriarches de huit générations, les noms les plus familiers étant ceux d’Hénoch et de Mathusalem. On arrive ainsi au chapitre 6 et à trois des quatre versets suivants :

«1 Lorsque les hommes commencèrent d’être nombreux sur la face de la Terre et que des filles leur furent nées, 2les fils de Dieu trouvèrent que les filles des hommes leur convenaient et ils prirent pour femmes toutes celles qu’il leur plut. [3…] 4Les Néphilim étaient sur la terre en ce jour-là et aussi dans la suite quand les fils de Dieu s’unissaient aux filles des hommes et qu’elles leur donnaient des enfants ; ce sont les héros du temps jadis, ces hommes fameux ».

Nous passerons sur l’ambigüité de la rédaction et peut être des traductions de ces versets. notons seulement trois particularités :

  1. Si l’expression « fils de Dieu » désigne les hommes, pourquoi est-ce l’unique fois qu’elle est employée ainsi dans la Genèse, le début du verset parlant d’ailleurs d’hommes pour désigner les pères des filles.
  2. Dans la traduction de Chouraqui très proche de l’hébreux, l’expression est « fils des Elohim » qui est d’ailleurs un pluriel, alors que dans le récit de la Création le même Chouraqui traite Elohim comme un singulier (« Elohim dit », et non pas « les Elohim disent ».
  3. Dans la tradition hébraïque, le terme Néphilim désigne les enfants nés de l’union de mortelles et d’êtres célestes. Ce sont les équivalents des Titans nés d’Ouranos et de Gaïa, c’est-à-dire du Ciel et de la Terre.

Il n’est donc pas déraisonnable de penser que « les héros du temps jadis, ces hommes fameux » évoquent peut-être cette race de géants dont on retrouve la présence dans beaucoup de traditions et, plus tardivement, dans des contes et légendes parvenu jusqu’à notre siècle.



Si nous avons évoqué la race des géants fils du Ciel et de la Terre avant d’en arriver à Gilgamesh, c’est que ce héros en présente toutes les caractéristiques : la légende le présente comme fils de la déesse Ninsun et d’un mortel qui aurait été un Grand Prêtre ou un Roi de la cité mésopotamienne d’Uruk. Doté, sans doute grâce à sa mère, d’une taille, d’une force et d’une beauté exceptionnelles, voici ce beau bébé immergé dans notre monde où il semble d’ailleurs être arrivé immédiatement à l’état adulte pour être Roi d’Uruk. Et aussitôt il y sème la panique, car si Gilgamesh possède la force et la beauté, ni papa, ni maman ne paraissent lui avoir donné la sagesse. C’est intéressant, car on aurait pu penser qu’un être semi-céleste eût pu apporter aux mortels des connaissances supérieures, accomplir des œuvres exceptionnelles, autrement dit jouer un rôle civilisateur. Au contraire, il apparait que cet être fabuleux, et peut-être ses semblables de la même époque, sont plutôt dans la déchéance, abandonnés par leurs géniteurs célestes et condamnés à vivre l’abâtardissement d’un destin de simples Terriens. Ceci pourrait d’ailleurs expliquer l’extinction rapide de leur race, et, entre autres conséquences, que dans la plupart des légendes on garde le souvenir de leur dangerosité et de leurs méfaits, la sympathie allant au héros qui en débarrasse l’humanité : c’est David qui sauve les Hébreux de la menace de Goliath (d’ailleurs présenté comme un Néphilim), c’est Silvius Balbo libérant Anvers de Druon Antigone, c’est Guillaume de Gellone tuant le géant Isoré qui rançonnait les voyageurs à la sortie de Paris, et l’enterrant sur place (d’où le nom de la rue de la Tombe Issoire où l’on peut voir depuis 2007 une statue d’Isoré métamorphosé en « bon géant » au-dessus d’une école maternelle).



Dès ses débuts dans le monde Gilgamesh règne par la terreur, se livre à la débauche, mange et boit plus que de mesure, asservit les hommes, viole les femmes et les filles. Excédés, les habitants d’Uruk appellent les dieux à leur secours et ceux-ci créent un être gigantesque et sauvage qui vit avec les fauves ; son nom est Endiku. Apprenant son existence, Gilgamesh dont l’orgueil est à la mesure de sa nature, veut lutter avec lui. Il lui envoie une courtisane qui le charme et le ramène à Uruk. Les deux géants s’affrontent et Gilgamesh est vainqueur.



C’est ici que se situe une première rupture et ce qu’on pourrait appeler une première rédemption de Gilgamesh. En effet, à l’issue de son combat avec Endiku, il se prend d’une profonde amitié pour celui-ci, et tout deux décident de se lancer ensemble dans des aventures héroïques.

Pourquoi cette métamorphose du caractère de Gilgamesh ? Pourquoi cette affection subite pour le vaincu ? Parmi les hypothèses possibles, j’en retiens une qui présenterait la lutte entre Gilgamesh et Endiku comme un combat et une victoire du héros contre lui-même, c’est-à-dire son « vieil homme ». En effet, Endiku, comme Gilgamesh est un géant, et il fait preuve de la même sauvagerie. Mais alors, pourquoi ensuite l’amitié ? De toute évidence parce que Gilgamesh se réconcilie avec lui-même, sachant qu’Endiku aussi a changé : en tant que double de Gilgamesh débarrassé de ses scories, comme en tant qu’individu singulier bénéficiant d’une identique rédemption. Leur fraternité devient une évidence. Reste à se demander si l’amitié est la conséquence de leurs rédemptions ou si c’est la force de l’amour ressentie par ces deux fauves dans leur lutte qui leur ouvre les portes de la rédemption. Les deux hypothèses sont pertinentes.

Revenons à l’épopée qui va mal tourner après avoir bien commencé puisque nos deux héros fraternels abattent le monstre Huwawa et reviennent glorieux à Uruk où la déesse Ishtar offre à Gilgamesh de l’épouser, ce qu’il refuse avec insolence. C’est le genre d’affront qu’une femme, de surcroit déesse, ne pardonne pas : Ishtar envoie le Taureau Céleste pour détruire Uruk mais les deux amis le tuent.

Nouvel affront et nouvelle vengeance : Endiku tombe malade et meurt. La douleur de Gilgamesh est immense. En vain il espère par ses pleurs ressusciter Endiku et ne se résout à l’ensevelir qu’aux premiers signes de décomposition. Alors se produit une nouvelle rupture : Loin de vouloir rejoindre son cher ami dans la mort, de consacrer sa vie à lui vouer un culte, ou encore de poursuivre seul des combats héroïques contre les monstres et les méchants, il quitte Uruk, terrorisé par l’idée de sa propre mort et se lance dans la quête, a priori insensée, de l’éternité terrestre.

Cela aussi mérite un commentaire. La pensée mésopotamienne, du moins à cette époque, est à l’opposé de la vision judéo-chrétienne. Alors que dans cette dernière la vie terrestre est placée sous le signe des conséquences de la chute, de l’expiation, du rachat et de l’espérance en une vie éternelle céleste, pour la Mésopotamie l’empire des morts est pour tout le monde, sans distinction de mérite ou de faute, un lieu sombre, triste et vide où il ne se passe éternellement rien. Aussi exalte-t-on les plaisirs et les joies de la vie terrestre. La seconde rédemption de Gilgamesh devrait donc passer par des épreuves le conduisant à ouvrir les yeux sur la dimension spirituelle de l’être.

Sa quête d’immortalité terrestre le conduisant vers Utnapishtim qui a échappé au déluge en construisant une arche. Il s’approche des Eaux de la Mort près desquelles se tient la nymphe Siduri, laquelle l’encourage à jouir de la vie en attendant la mort : « remplis ta panse et, nuit et jour, réjouis-toi ; mets une fête à chaque jour et, nuit et jour, danse et t’ébats ». Gilgamesh n’a rien contre, mais à condition que ce soit éternellement. Il poursuit donc sa route. Urshanabi, le batelier d’Utnapishtim, lui fait traverser les Eaux de la Mort. Ce batelier et ces Eaux de la Mort évoquent évidemment l’Egypte et la Grèce, Charon et le Styx ; on notera même l’homophonie de Urshanabi et Anubis.

Nouveau commentaire pour observer deux choses. D’abord que dans sa quête d’éternité terrestre pour échapper à la mort, Gilgamesh n’hésite pas à suivre un parcours qui, logiquement, devrait conduire à l’empire des morts. Ensuite, et parce que son chemin s’arrêtera chez Utnapishtim, il s’agit là d’une initiation majeure passant par la mort initiatique. L’épreuve à laquelle le soumettra le vieux sage -à savoir rester éveillé six jours et sept nuits- semble correspondre, après la mort initiatique, à l’ouverture des yeux sur un autre plan de la réalité universelle. Or, Gilgamesh échoue en s’endormant aussitôt et en ne se réveillant que six jours et sept nuits plus tard sous les sarcasmes d’Utnapishtim.

Sur les instances de son épouse, le vieux sage lui donne un lot de consolation en lui révélant où se trouve la fleur qui donne l’éternelle jeunesse. Gilgamesh la cueille mais en se baignant à une source d’eau fraîche, il se la fait dérober par un serpent qui se dépouille aussitôt de sa peau. Gilgamesh, en sanglots, rentre à Uruk où, du haut des murs de la cité, il en admire les fondations qui, doit-il penser, à défaut de sa propre éternité perpétueront sa mémoire.

Ainsi s’achève l’épopée du héros qui avait la force, la beauté, et même du cœur, mais à qui il manquait la sagesse. Et comme, à force d’échecs, il finit par devenir attachant, on a envie de dire : « pauvre bougre » !



*

Nous ne savons pas ce que vous en pensez, mais nous ne sommes pas satisfaits, nous trouvant peu à l’aise au moment de tirer les leçons de cette épopée qui depuis la mort d’Endiku va d’échec en échec. Mircea Eliade, qui est quand même avec Guénon et quelques autres une référence majeure en matière de mythes et de pensées religieuses, qualifie l’épopée de Gilgamesh de « récit d’une initiation manquée ». Pourquoi pas, puisqu’il en a toutes les apparences. Cependant quelque chose « cloche », « ne colle pas », c’est évident. A-t-on jamais vu une épopée se terminer sur un « flop » ? Connaissons-nous une culture qui érige un loser en héros ? Une civilisation où l’on célèbre l’exemplarité de l’échec ? Or, effectivement, en Mésopotamie et même au-delà, Gilgamesh sera honoré comme un demi-dieu. On lui dédiera des sépultures monumentales, on multipliera les statues à son effigie, on lui vouera un véritable culte. Autrement dit, on est loin du « pauvre bougre ». Les mésopotamiens, avec leurs astronomes, leurs architectes, leurs légistes, peuvent-il nous avoir légué une fable absurde ? Quel peut être l’intérêt de composer et de propager le « récit d’une initiation manquée » ?

Alors, la question se pose : « Et s’il s’agissait d’une initiation réussie » ? Mais dans ce cas, de quelle initiation ? Certainement pas d’une initiation observée à la lorgnette de notre vision du monde et de nos conceptions de la spiritualité. Admettons que nous ne pouvons pas appréhender la réalité d’une pensée dont nous séparent six mille ans et des schémas mentaux spécifiques, en la soumettant au crible de notre propre grille de décodage. Il faut donc reprendre le récit en se situant dans le contexte de la pensée mésopotamienne du 3ème millénaire avant JC.

Cette pensée se caractérise par un pessimisme profond qui se veut lucide face à la vie et à la mort : la vie n’est que misère et injustice, et la mort c’est un Enfer où l’on ne châtie pas mais qui est terne et vide. De cette même époque on a retrouvé un texte ayant pour titre « Dialogue sur la misère humaine », ce qui annonce déjà la couleur, et qui stigmatise longuement l’injustice, le triomphe des méchants, la vanité des prières, l’indifférence des dieux et autres tares d’un monde absurde, vide de sens. Ce que n’évoque pas ce texte mais qu’on peut inférer de ce que l’on sait de cette civilisation, c’est la forme de sagesse qu’inspire ce constat pessimiste : puisque la vie et la mort sont absurdes, puisque les dieux vivent leur destin de dieux sans se soucier des mortels, tirons nous-mêmes le meilleur parti possible de la réalité tangible : construisons de belles villes, édictons des lois qui en organisent le quotidien, favorisons les arts, faisons des fêtes etc. c’est-à-dire donnons à la vie le sens qu’elle n’a pas apriori. C’est ce que la nymphe Siduri conseillait à Gilgamesh.

Sous cet éclairage, le parcours initiatique de Gilgamesh est une succession d’épreuves dont les échecs sont destinés à démontrer qu’il ne faut pas poursuivre des chimères, vouloir égaler les dieux en devenant éternel, ou prétendre franchir les Eaux de la Mort alors qu’on n’y est pas appelé. Gilgamesh est héroïque, dès lors qu’il assume son destin de mortel, se dépouille de toute ambition illusoire et revient à Uruk régner en sage.

On pourra noter que cette conception, que notre culture est fortement tentée de qualifier de matérialiste, n’exclut pas la reconnaissance du divin, mais considère que le plan divin et le plan humain n’ont pas vocation à se rencontrer, si ce n’est accidentellement, lorsque l’homme commet l’imprudence de franchir les limites de son territoire, comme l’ont fait Gilgamesh et Endiku en bravant Ishtar. Par ailleurs, cette conception épicurienne de la vie, n’est pas exempte d’une forme de spiritualité dans la mesure où son hédonisme n’est pas la débauche, le défoulement des instincts primaires, mais l’exaltation du raffinement dans l’harmonie, l’élévation des sentiments. Parce que des rites qui président à l’ordonnancement des fêtes, des jeux, de la danse, du sport, de la musique, la sacralisent, on pourrait parler d’une « spiritualisation de la matière ».

Ce qui nous a convaincu de la pertinence de cette lecture de l’épopée de Gilgamesh, c’est qu’on retrouve exactement une même conception du monde dans la Grèce archaïque, notamment dans la pensée d’Homère. Même pessimisme : « les hommes sont des feuilles que le vent jette à terre » ; même vision de la mort avec l’Hadès enténébré, peuplé d’ombres pâles dépourvues de force et de mémoire ; même conception de l’étanchéité des plans divin et humain (chacun chez soi), et mêmes limites à observer (Ajax, comme Endiku, paye de sa vie son insolence à l’endroit des dieux) ; enfin, transcendance de la condition humaine valorisée et rendue acceptable par la sacralisation de la joie dans les jeux, la danse, les chants, l’érotisme, le sport, l’amitié. Homère appelle à la valorisation du présent, à participer à la spontanéité de la vie, ce qui est à l’opposé d’une vaine quête d’éternité terrestre. Ainsi Gilgamesh aurait pu être un héros homérique. D’ailleurs, son parcours est une odyssée et comme Ulysse retourne à Ithaque, il retourne à Uruk. Sa véritable initiation et sa seconde rédemption seraient donc là, dans l’humilité de sa renonciation à une orgueilleuse chimère. Il se soumet à son destin, comme Job à la volonté de Dieu. Si nos rapprochons les deux personnages, c’est pour observer que, finalement, toute initiation réussie, toute rédemption, passent par le sacrifice d’un dépouillement qui est mort symbolique.

Enfin, on n’oubliera pas que par sa mère Gilgamesh était un demi-dieu. Sa quête d’immortalité, au-delà de la seule phobie de la mort, peut aussi s’expliquer quasi psychanalytiquement, par une nostalgie d’être céleste déchu. Il pouvait d’autant plus croire possible de réaliser son ambition, que son physique le distinguait des autres hommes. Son héroïsme et sa grandeur seraient donc également imputables à cette acceptation, sacrificielle pour un demi-dieu, de vivre en homme parmi les hommes.



***