Pour l’information des plus jeunes générations nées dans la post-ruralité de la fin du 20ème siècle et du début du 21ème siècle, rappelons que l’épouvantail était un appareillage fait d’une armature en bois habillée de vêtements loqueteux, censé passer pour un homme afin d’effrayer les oiseaux pour protéger les récoltes. Le terme, employé au sens figuré, désigne une personne physique ou morale, une idée ou un comportement, qu’on tente de présenter à l’opinion publique comme une menace afin de parer à la tentation des citoyens de s’y rallier. On emploie aussi, parfois, l’expression « chiffon rouge ». Ainsi, dans notre pseudo-démocratie française, les partis « respectables », autoproclamés « républicains » ont-ils brandi, au gré des conjonctures politiques, l’épouvantail du communisme ou de l’extrême-droite, recourant d’ailleurs moins à l’analyse argumentée des contenus que sont censés recouvrir ces termes, qu’au recours à des associations d’images et d’idées susceptibles d’impressionner l’électorat : Staline et stalinisme, goulag, nazisme, Hitler etc. Après l’effondrement de l’URSS, le communisme résiduel n’est plus représenté, en version soft, que par de petits partis qui ne sauraient faire fonction d’épouvantail. Il reste donc l’extrême-droite.
Bien entendu, on se garde bien de donner de l’extrême-droite une définition digne de la science politique. Car s’il est facile d’en faire le qualificatif de régimes dictatoriaux et anti-républicains, il est moins aisé d’appliquer le terme à des mouvements légalistes, respectueux des lois de la République et pour lesquels le terme d’extrémisme, logiquement associé à celui de minorité, est de moins en moins adapté à une orientation politique approuvée par un tiers de l’électorat ! Finie, la cible qu’offraient le Front National et son leader provocateur aux propos sans équivoque et qui avait été le patron d’une maison d’édition spécialisée dans la littérature fasciste et les disques de chants nazis ! Le relookage du parti en Rassemblement national empreint de respectabilité et devenu première formation politique française, n’en fait plus un épouvantail crédible. Il fallait donc chercher ailleurs.
Et on a trouvé en puisant sans vergogne dans la fantasmagorie complotiste. C’est que depuis quelques années, quand on n’ose plus recourir aux vieille stigmatisations « fascistes » et « bolcheviques », on parle de « populisme », terme révélateur de la méfiance qu’inspire toujours aux pouvoirs « corrects » ce qui a la faveur du peuple, ce « souverain » dont la démocratie capitaliste-libérale se passerait bien si elle le pouvait sans renoncer au travestissement qui fonde sa légitimité et sa légalité. Le macronisme, cet enfant bâtard et parricide (1) s’est trouvé un épouvantail en la personne de Vincent Bolloré, homme issu de la moyenne bourgeoisie provinciale. Titulaire d’un DESS de l’université de Paris-Nanterre, il n’a pas fait Science Po et n’est diplômé ni de l’ENA, ni de Polytechnique et s’est permis de bâtir un empire industriel et médiatique. Insupportable. Conservateur qui s’assume, il était facile de lui coller l’infamante et « effrayante » étiquette « extrême-droite ». Et parce que sur C8 ou Cnews on ose donner la parole à ceux qui dénoncent les dérives d’une immigration trop longtemps incontrôlée, l’incompatibilité avec les valeurs de notre République d’une religion totalitaire ne séparant pas les sphères du privé et du public, l’instauration d’une narco-voyoucratie dans les banlieues de plus en plus de villes, une intelligentzia pseudo-humaniste dominée par un gauchisme rance les accusent de propagande idéologique sous couvert d’information, et accuse Bolloré d’interventionnisme auprès des responsables des programmes.
Et face à l’affreux Bolloré que font les chaines publiques ? Toutes, de la 2 et de la 3 à la 5 en passant par Arte, LCI et France-Info, entonnent dans leurs informations, leurs documentaires et leurs débats les psaumes de la pensée unique en vigueur. Bien entendu les patrons des chaines n’interviennent pas. En fait, ils se contentent de virer les audacieux ou les maladroits qui écartent leur petit-doigt de la couture de leur pantalon, tel le malheureux Jean-François Achilli de France-Info qui vient d’être suspendu pour avoir eu un contact personnel avec le président du Rassemblement National. Sans doute une mesure prophylactique pour éviter la contamination de la rédaction par ce pestiféré ?
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- Bâtard parce qu’issu d’une vague social-démocratie, il en a fait la mère-porteuse de gênes ultra-libéraux mondialistes ; parricide parce que ministre d’un gouvernement socialiste qui l’a « élevé », il a tué les deux grands partis de gauche et de droite en les vidant de leur sang électoral et d’une partie de leurs cadres au profit de son imposture.