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Gabriel Attal, le joker

22 mars 2024 par
Simon Couval

Le joker c’est la carte qu’on sort quand on n’en a pas d’autre pour se sortir d’une mauvaise passe. Dire que Gabriel Attal est le joker qu’Emmanuel Macron a sorti de son jeu où lui manquent les cartes des députés qu’il n’a pas pour avoir une majorité absolue à l’Assemblée Nationale, est donc pertinent. Cependant, le joker est une carte ambigüe : elle est forte, mais en même temps sa figure est un bouffon (généralement un jeune homme au costume bariolé qui agite un hochet) ! Doit-on y voir l’image d’un maître illusionniste chargé « d’amuser la galerie » pour la détourner des vrais débats ? Ce qui est certain c’est qu’Attal, comme Macron est bien d’autres, appartient à ces générations rompues à la communication et possédant une grande maîtrise de la forme, voire de la mise en scène. A l’instar des concepteurs de publicités qui nous prennent pour des cons à coup de nostalgie (Ah ! les galettes de grand-mère !), de paysages de rêve (ces petits-déjeuners d’une famille sympa sur la terrasse d’une bastide à 1 million d’euros) ou de corps parfaits éveillant les libidos les plus somnolentes, les politiques qui ne sont plus que des communicants enfilent des phrases fortes qui n’engagent à rien et faisaient dire à l’électeur béat d’une époque révolue « qu’est-ce qu’il parle bien » ! Pauvres jeunes-vieux qui nous croient encore dans les années 1960 où il était si facile de faire croire qu’on disait la vérité et qu’on tiendrait les promesses, simplement parce que les « vrais gens » comme disait l’autre, n’ayant pas encore fait l’expérience de l’étalage de l’impudence et de la dégueulasserie politicienne, ne pouvaient imaginer que leur président, leur ministre, leur député, leur sénateur, leur maire, puisse être un ripou. Tout forts en thème qu’ils sont, nos jeunes ringards n’ont pas compris que le coup de la main sur le cul des vache et l’apéro saucisson-bière ou beaujolais sur le marché qui ont si bien réussi à Chirac, ça ne marche plus. Et voilà que le petit Gabriel, si mignon dans son complet bleu avec sa cravate liserée de rouge (clin d’œil au joker ?), fait une déclaration de politique générale en confondant l’Assemblée Nationale avec le grand jury de L’ENA. Il nous lit à haute voix une copie d’épreuve de culture générale, qui lui aurait certainement valu une bonne note dans cette maison. Manque de pot ! Ceux qui l’écoutent en direct connaissent les ficelles du métier d’enfumeur, et les Français si bien représentés en ce moment par une paysannerie qui paie chaque jour de sa sueur pour ne pas confondre le rêve et la réalité, n’attendent pas des paroles mais du concret. Mais qu’est ce qu’il sait du concret, Gabriel ? Il a surtout fait de la tchatche quand il était porte-parole du gouvernement (un costar sur mesure pour ce beau parleur agrémenté du bonus d’une jolie gueule d’amour) et quelques annonces dites avec conviction sur un ton ferme quand il fut ministre étoile-filante de l’éducation nationale (notamment le truc de l’uniforme pour les élèves, une balourdise réac pour plaire au LR, car c’est pas ça, évidemment, qui va améliorer le niveau en maths, remplacer les profs absents, rendre plus attrayante l’architecture démoralisante des collèges et empêcher la violence des dingues. L’opération Atal sera un ratage de plus de son maître-illusionniste. Parions que sa relative bonne côte dans l’opinion ne durera pas plus que son pacs avec Stéphane Séjourné (je sais, c’est plutôt dégueulasse de dire ça, mais je n’ai pas pu m’en empêcher).

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