Face à la colère des agriculteurs qui gronde depuis plusieurs semaines et demeure insensible aux artifices verbaux des communicants au pouvoir, l’Exécutif tente de se dédouaner en laissant entendre qu’il est, en quelque sorte « prisonnier » de la politique de l’UE. La plupart des médias, par ignorance ou complicité pan-européenne, entonnent la même litanie en parlant de « Bruxelles » comme s’il s’agissait de la capitale d’un Etat fédéral. Or, ceci est absolument faux. L’UE n’est pas un Etat souverain (le rêve des capitaliste libéraux ultra-mondialistes comme Macron). Pour l’instant, et, espérons-le, pour longtemps, Bruxelles n’est que la capitale de la Belgique. L’emploi européen du terme « Bruxelles » ne désigne qu’un lieu où siègent le Conseil Européen lorsqu’il se réunit, et la Commission Européenne qui y poursuit en permanence ses travaux. Il n’y a là aucune expression de souveraineté supranationale de l’UE, mais l’autorité de décisions votées par les représentants des Etats membres (Chefs d’Etat ou de gouvernement) au sein du Conseil Européen après examen par le Parlement Européen qui siège à Strasbourg. Ce qui veut dire que si l’on dit si facilement « Bruxelles », c’est pour masquer la responsabilité directe des Chefs d’Etat et de gouvernement qui ont approuvé, au nom de la souveraineté nationale qu’ils représentent, les règlementations ou les accords internationaux concoctés par la Commission ou les conseils des ministres européens et dont ils ont le front d’insinuer ensuite que c’est à leur corps défendant !
Depuis qu’on a préféré au concept gaullien d’Europe des Nations, l’idéal fédéraliste qui s’est ouvertement affirmé avec le traité de Maastricht avec la substitution de l’appellation UE à celle de CEE, la dérive n’a cessé de s’aggraver et la responsabilité en revient aux Chefs d’Etat, de Giscard d’Estaing à Macron en passant par Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande, six présidents qui ont trahi la France en entérinant des orientations contraires aux intérêts de la Nation.
N'oublions pas non plus le scandaleux traité de Lisbonne de 2007 qui « répare » les conséquences du rejet du projet de constitution européenne par les référendums français et néerlandais de 2005. On ne saurait mieux traiter par le mépris les souverainetés nationales. Ajoutons aussi à ce réquisitoire l’initiative de Macron en 2022 qui pour « glorifier » sa présidence de l’UE durant cette année, a blasphémé l’Arc de Triomphe, haut lieu de mémoire et de recueillement de la Nation, en y faisant déployer à la place du drapeau national, le drapeau de l’Europe !
Certes, la trahison des Chefs d’Etat s’est effectué dans un cadre légal, mais au regard de la souveraineté citoyenne sous-informée et désinformée par des propos mensongers et des arguties spécieuses, elle n’en demeure pas moins une trahison. Notons qu’à ces coupables principaux qui incarnent le plus haut niveau de la souveraineté nationale, s’ajoute la complicité active des membres des gouvernements successifs et des membres du Parlement français et des députés français au Parlement européen dont les votes ont approuvé (ou permis l’approbation par abstention) les dérives portant atteinte aux intérêts du peuple français.
Il ne s’agit pas de revenir sur une coopération économique, industrielle et monétaire entre les Etats européens, mais de replacer clairement la construction européenne hors de toute perspective fédéraliste en garantissant un contrôle démocratique renforcé de son fonctionnement, notamment en ce qui concerne la protection des intérêts nationaux.
Compte tenu de trop de manquements aux principes du droit et de la morale républicaine, tant en politique intérieure qu’en politique internationale, on peut se demander s’il ne conviendrait pas d’instituer une Cour Suprême composée exclusivement de magistrats et d’un jury populaire, les conditions de désignation de ses membres et celles de sa saisine restant à définir de manière à éviter au maximum tout risque de politisation.
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