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Quatre Vérités

24 avril 2024 par
Simon Couval

 Vous connaissez l’expression « dire les quatre vérités », autrement dit : sortir cash du non-dit, de la bienséance hypocrite, du convenu correct. Bien souvent, ces quatre vérités sont bien plus nombreuses que ce nombre symbolique. C’est évidemment le cas pour les mensonges d’Etat qui sont une spécialité des gouvernements, tous régimes politiques confondus. L’histoire officielle s’écrit sur un tissu de mensonges parce que les pouvoirs « [prennent] les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages », c’est-à-dire les citoyens pour des imbéciles. Voulez-vous des exemples ? En voici trois tirés de l’actualité (1).

Nos chers agriculteurs

Face à la mobilisation déterminée des agriculteurs, le gouvernement français ne pouvait même pas évoquer les violences et les débordements car la maîtrise, le sang-froid et le bon usage de la communication dont ont fait preuve ces hommes et ces femmes entre détresse et révolte, ne le permettaient pas. Il fallait parer au plus pressé pour désamorcer le risque d’un blocage, voire le débordement des interlocuteurs « acceptables » (et/ou complices ?) par des bases extrémistes. Promesses et flatteries ont donc été dispensées sans compter pour gagner du temps. C’est fou ce que les politiques et les citoyens ont aimé le monde paysan en ce début d’année et de Salon de l’Agriculture ! Cela n’empêchait pas les premiers de continuer à trahir les terroirs à Bruxelles et les seconds de continuer à s’approvisionner auprès des grandes enseignes de la malbouffe et de l’exploitation des petits producteurs. Or, la vérité c’est que le sort de l’agriculture traditionnelle, et plus particulièrement des exploitations familiales, est déjà scellé par les stratèges de l’économie mondiale. L’avenir de l’agriculture est entre les mains des grands groupes agroalimentaires maitres des circuits mondialisés des achats, de la transformation et de la distribution des produits. Les technologies alliant baisse des coûts et hausse des rendements s’imposeront. On fera du « bio », mais pas celui que vous croyez ; ce sera du biogénétique et du biochimique ! Cela pourrait même aller jusqu’aux aliments de synthèse produits en laboratoire et non dans des champs : « l’agriculteur » de demain ne sera pas un cul-terreux, mais un technicien en blouse blanche et masque ! Ne vous récriez pas, je vous donne rendez-vous à l’horizon 2050.

Notre chère planète

Des indices on est passé aux preuves : nous vivons effectivement un changement climatique majeur. Ce n’est pas la première fois. La Terre en a connu d’autres durant les millions d’années de son histoire. Ils se sont toujours traduits par des modifications géologiques et des disparitions d’espèces. Ce qui est nouveau, cette fois-ci, c’est la part qu’on impute aux hommes dans la cause du dérèglement auquel on assiste. Ici, une remarque s’impose : depuis que l’homo sapiens a cessé de survivre passivement et a développé une activité transformatrice sur le sol, la faune et la flore -soit, en gros, depuis le néolithique- il n’a pas cessé d’engendrer des modifications parfois considérables dans les trois règnes de la nature. Celles qui sont imputables à l’ère industrielle, notamment avec la découverte et l’utilisation massive des énergies fossiles ainsi que la progression exponentielle de l’agriculture et de l’élevage intensifs, ont incontestablement joué un rôle dans le changement climatique actuel, quoiqu’on ne puisse exclure que ce rôle ne soit peut-être qu’aggravant et non unique. Mais la doxa monothéiste qui consiste à rendre l’humanité responsable de tous les maux de la planète depuis le « péché originel », bien que relookée en version laïcisée, se traduit par le réflexe culpabilisant des pouvoirs. Injonction nous est donc faite, à nous « pauvres pécheurs », d’adopter les comportements correctifs corrects qui sauveront la Terre. Or l’évaluation des facteurs de dégradation et l’accélération de leurs effets sur le climat, démontre que contrairement aux faux espoirs entretenus par la mystique écologiste, le mouvement est irréversible. Oui, il faudra vivre autrement dans un monde qui ne sera plus celui d’aujourd’hui. L’urgence et le bon sens appellent donc à des investissements massifs dans l’adaptation des modes et des genres de vie dans tous les domaines affectés par le changement climatique. Or, vers où vont maintenant prioritairement les investissements de l’UE et de ses pays leaders ? Vers un réarmement sans précédent ! Autrement dit, des gouvernants que je n’hésite pas à qualifier de criminels, placent l’avenir sous le signe de la mort au moment où devrait primer l’impératif de survie.

Guerre et faits

Ça y est ! L’Europe, France et Allemagne en tête, se prépare à la guerre. L’abominable homme des steppes, si par malheur il remportait la victoire dans son combat contre l’Ukraine s’attaquerait à toute l’Europe de l’ouest. Nos patries sont en danger, citoyens ! Passant outre l’invraisemblance stratégique de ce déraisonnable scénario, nous voici engagés dans une économie et un état d’esprit de guerre. Mais les dirigeants qui prêchent cette folle croisade ne sont pas des fous. Alors, pourquoi ce choix ? Peut-être doit on ne pas oublier que la guerre a pour effet assuré de permettre une reprise en main des situations intérieures les plus désespérées, car elle justifie, au nom de la sécurité de la Nation à qui on ne demande pas son avis, de belles exceptions à l’état de droit, notamment en suspendant les libertés publiques ordinaires. Ainsi, la guerre ou des troubles intérieurs excessifs, peuvent être une aubaine pour les gouvernants en péril. On a pu voir, en France, en 1968, comment De Gaulle a surfé sur l’amorce d’un chaos et l’invocation d’une menace extérieure imaginaire, pour décréter un état d’exception et finir par obtenir pour sa majorité, par voie électorale, une « chambre introuvable » qui aurait pu lui assurer la perspective de jours sereins s’il n’avait organisé le référendum suicidaire qui l’a conduit, un an plus tard à la démission. Or, tous les grands pays européens traversent actuellement une très mauvaise passe. Affaiblis économiquement par les sanctions boomerang qu’ils ont voulu appliquer à la Russie, incapables de faire face aux défis d’une immigration incontrôlée parce que peut-être incontrôlable, en perte importante d’influence internationale ( Le Commonwealth se délite, la France est chassée d’Afrique), impuissants devant la montée inexorable de ce qu’ils appellent « le populisme », confrontés aux répercussions internes du conflit israélo-palestinien, une « bonne guerre » ou au moins sa menace, leur permettrait de tirer le signal d’alarme stoppant le train fou de leurs dérives.

Mais voilà que le 22 mars un évènement dramatique est venu contrarier la pseudo-stratégie guerrière de l’Europe occidentale : le terrible attentat islamiste de Moscou, rappelle avec une évidence sanglante que la vraie menace n’est pas celle d’une armée russe encore bien loin des frontières des membres de l’OTAN, et que le terrorisme sacrificiel, déterminé et imprévisible des « fous de Dieu » peut nous frapper à tout moment. A un peu plus de trois mois des JO de cet été, la France pourrait commencer à regretter la victoire qu’elle a obtenue en partie frauduleusement en ayant été choisie pour les organiser. Alors qu’on commençait à rêver d’actions commandos en Ukraine, de raids aériens, de tirs d’artillerie et d’assaut de blindés, voire d’engagement nucléaire, on a tout lieu de trembler devant un ennemi qu’on ne pourra pas combattre avec des Rafales, des canons César ou des missiles, lui-même n’utilisant avec la redoutable efficacité que l’on sait -Ô dérision, face à cet arsenal apocalyptique ! - que des mitrailleuses, des grenades et des cocktails Molotov. A suivre…

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(1)A l’inverse des « Trois mousquetaires » qui étaient quatre, mes quatre vérités ne sont ici que trois ; mais il ne tient qu’à votre esprit critique capable d’analyse rationnelle et factuelle, d’en découvrir bien d’autres !